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BeOS 4.0

ou "La confirmation"

Version 1.01 du 09/04/1999
Auteur : Jean-Marc B

Après la version 3.2, voilà la version 4.0. BeOS suit son petit bonhomme de chemin et tout doucement s'impose à tous comme un excellent produit alternatif: performant, stable et convivial (trois qualités qui ne vont pas souvent de pair). En voici la démonstration.

La machine de test était un Pentium 233MHz MMX avec 64 Mo de SDRAM, une carte graphique Millenium 4 Mo et une Sound Blaster AWE64. Le matériel a été choisi pour être parfaitement compatible avec le système.

Comme pour sa version précédente, à ouverture de la boîte, vous trouverez un manuel d'installation multilingue, le guide de l'utilisateur en français (il a été traduit) qui est par ailleurs disponible sous forme de pages HTML (mais en anglais) sur le CD, le CD de la version 4.0 (qui apparemment permet une installation Intel et PowerPC) et la disquette de boot.

Pour ce qui est de l'installation, le problème reste le même qu'avant: la liste du du matériel reconnu, bien que nettement plus longue que pour la version 3, est encore un peu contraignante et si vous voulez absolument installer BeOS, il faudra vérifier que votre matériel est compatible avec le système. En effet, un élément important non reconnu (carte mère ou graphique par exemple) et vous ne pourrez le faire fonctionner chez vous. Cela étant, les plus grandes marques de pièces détachées et les modèles les plus courants sont quasiment tous reconnus. Le problème pourrait plutôt se poser si vous avez acheté des composants d'une sous-marque exotique.

Au chapitre du matériel, il y a une nouveauté de taille avec cette version: la reconnaissance de quelques cartes SCSI (les drivers existaient déjà pour la version précédente mais à l'état expérimental). Attention, car là encore toutes les cartes SCSI ne sont pas reconnues et il vaut mieux se renseigner avant d'en acheter ou en utiliser une.

L'installation elle même est d'une simplicité extrême et très rapide: je n'ai jamais vu plus facile ni plus court. Linux et même Hublot 98 sont complètement ridiculisés. De plus, les matériels à reconnaître le sont immédiatement et sans intervention: c'est du vrai plug & play. J'ai fait l'essai avec la carte son: au boot après l'avoir ajoutée, il ne m'a rien demandé mais en listant les tâches lancées, le driver était actif, ce qu'un petit test sonore a confirmé.

Un reproche sur l'installation cependant: si vous aviez une précédente version, la mise à jour n'est pas possible. Le système a considérablement évolué (au niveau de son noyau) et l'arrivée de cette nouvelle version vous obligera à tout réinstaller. Une sauvegarde de vos données éventuelles est donc fortement conseillée.

J'ai également dû changer les paramètres du boot multiple (j'ai Linux et BeOS sur cette machine): un petit tour sous Linux pour y copier le noyau BeOS et modifier la configuration Lilo (le chargeur de boot) a été nécessaire pour que tout soit de nouveau bon. Après cela, plus besoin de la disquette de boot et c'est alors le démarrage le plus rapide que je connaisse: moins de 20 secondes pour être rendu sur le système (et 5 secondes pour l'éteindre).

Au niveau du premier contact, je n'ai pas vu de différence avec la version précédente: l'abord est toujours aussi simple (c'est un OS graphique), et les habitués qui n'aiment pas utiliser leur souris auront accès à des raccourcis clavier pour travailler plus vite. L'esthétique (inchangée par rapport à la version 3) est simple et réussie. Ce n'est pas par hasard qu'elle a été reprise sous Linux dans des thèmes pour plusieurs Windows Managers. Le bureau par défaut est un peu austère mais grâce aux images de fond, vous pourrez personnaliser et améliorer cela. De plus, Shift + Ctrl + Alt + 'Be' fait accèder à un menu supplémentaire (et caché!) permettant de choisir le look de ses fenêtres: style BeOS (par défaut), Amiga, Mac ou même Hublots... Les vieux routiers de l'un de ces systèmes retrouveront ainsi leurs marques.

Menu Be

Sur l'écran de départ, un menu Be apparaît: il permet de suivre tout ce qui tourne sur le système et donne accès à la plupart des applications. Là encore, aucune modification par rapport à la version précédente. Il y a également diverses icônes réparties sur le bureau: la poubelle, l'accès au disque, votre répertoire personnel et le browser NetPositive (qui pointe sur les documentations en anglais).

L'installation est rapide mais peu de paramètrages sont fait. Il faut donc les faire à l'issue du premier démarrage: choix de résolution et du nombre de couleurs de l'écran, clavier, date et heure, paramètres réseau et mail (pour internet), tout est très simple à faire et aucun ne nécessitera de redémarrage pour être pris en compte.

La version 4 est censée avoir été optimisée sur plateforme Intel (ce n'était pas le cas de la 3). Je refais donc des tests de performance, mais attention, plutôt que des benchmarks qui ne veulent pas toujours dire grand chose, j'ai essayé de mettre le multi-tâche en difficulté: pour une utilisation courante, il est en effet plus intéressant de savoir si on peut formater une disquette en continuant d'écrire ses mail et en jouant de la musique, que de savoir que notre machine est capable de dessiner 500 cercles par seconde ou de copier 12 Go en moins de 3 minutes...

Via le Tracker (le gestionnaire de fichiers), je me dirige donc vers les animations QuickTime du répertoire optional. J'en lance 4 simultanément, d'une dizaine de mégas chacune: le disque dur tourne beaucoup mais les 4 défilent parfaitement... pendant un moment car, avec cette version, il y en a une qui bloque au bout de quelques secondes sans raison apparente. Le test de rafraichissement de l'affichage est toujours excellent: le fait de bouger une des fenêtres devant les autres ne gène pas ces animations. Comme avec la version 3.2, c'est l'arrivée de la théière qui tourne dans tous les sens (en Gouraud, faces pleines, avec éclairage) qui occasionnera un ralentissement. Par contre, elle est quand même nettement plus rapide qu'avant: sans les animations, jusqu'à 18 images par seconde contre 13 avec la version précédente, et avec les animations, jusqu'à 9 images par seconde contre 6 précédemment. L'optimisation (au moins de ce programme) est donc très nette.

Théière

Pour ce qui est du son, rien de nouveau: à l'oreille, c'est bon et la carte SoundBlaster fonctionne parfaitement. Aux spécialistes de pousser les investigations plus avant.

Pour finir, un test de formatage de disquette lancé en même temps que des animations et des applis est tenté et passé avec succès (ce test est vraiment intéressant car les OS gérant mal le multitâche et les entrées-sorties s'y font généralement épingler: tout le système ralentit, voire se fige, à cause du formatage).

Terminal

Un petit tour sous Terminal (le shell) m'a permis d'examiner l'OS plus précisément. Au niveau de la structure des répertoires et des commandes, c'est fortement inspiré d'Unix: un vrai multitâche shell, possibilité de scripts complexes, gestion de processus, etc. Le shell lui-même ressemble beaucoup au bash de Linux: via les flèches haut et bas, vous pouvez rappeler les anciennes commandes, la touche Tab vous permet de complèter vos lignes automatiquement, etc. Le multi-utilisateur ne semble cependant pas géré (pour l'instant) et il manque aussi la commande man, une aide très utile lorsqu'on se sert d'une ligne de commande.

Sur BeOS, comme sur Unix, il faut monter (commande mount) un CD-ROM avant de pouvoir le lire. Avec la version 3, j'avais eu quelques démêlés avec un CD multisession: le système avait créé un point de montage (un "disque") par session, et lors de la lecture, la première était conforme (9660 niveau 1), la seconde me bloquait la souris et tout le système (9660, niveau 2, extensions Rock Ridge, pas de lien vers la première session), la troisième semblait ne rien contenir (9660 niveau 2, extensions Rock Ridge, avec un lien vers la session 2). Le problème n'est toujours pas résolu avec cette version: impossible de lire les sessions 2 et 3 mais par contre, ça ne plante plus. C'est néanmoins un très mauvais point car ce CD ne pose aucun problème sur Amiga, ni sur Linux, ni même sur Hublot.

Pour me changer les idées, je fais un essai de connection sur Internet: dès qu'un lien autre que local est tapé, le système propose la connection qui fonctionnera du premier coup comme avec la version précédente. Les paramétrages pour en arriver là étaient des plus simples: quelques champs élémentaires à remplir (numéro de téléphone, type de modem, type de connection).

Browser

Le browser est simple (et sobre) mais efficace. Je ne l'avais annoncé plutôt lent dans la version précédente mais là je l'ai trouvé très agréable (aurais-je été un peu trop sévère la dernière fois?). Il en est de même pour le système de mail mais pour les habitués de produits complets comme YAM (sur Amiga) il faudra vous tourner vers un autre soft (il en existe plusieurs du freeware au commercial).

Par ailleurs, l'utilisation comme serveur Web ou FTP est possible: en effet, un serveur HTTP (très basique) est présent. Il vous permettra d'implanter et de tester le votre site personnel voire de faire un intranet simple. Quant au FTP, il suffit de cocher une case dans les paramétrages réseau pour qu'il fonctionne. Donc, pas de nouveautés à ce niveau depuis la version 3.2.

Pour finir, comme pour la version précédente, je me suis un peu amusé avec quelques applications et fonctionnalités:

  • L'éditeur, qui permet aussi de faire un peu de traitement de texte, est plutôt agréable à utiliser (à ce propos, la gestion des polices vectorielles sous BeOS est très rapide). Si vous en voulez plus, il existe une suite bureautique commerciale que nous essayerons de tester prochainement dans ces colonnes.
  • Fonts

  • La touche impression d'écran vous permet de créer un instantané de l'écran qui est automatiquement sauvegardé au format Targa dans votre home directory. Celle-ci fonctionne également avec les économiseurs d'écrans (!!!).
  • Il existe un utilitaire très pratique (qu'on trouve également sur Unix) qui vous permet de travailler sur plusieurs écrans. Workspace (c'est son nom) ouvre une grille de plusieurs cases (9 par défaut) dont chacune représente un écran virtuel dont les caractéristiques peuvent être différentes de celles de ses voisins et sur lesquelles apparaissent, schématisées et réduites, les fenêtres/applications ouvertes sur chacun d'eux. La combinaison Alt+Fn, qui vous permet de sauter au workspace n, associée à la combinaison Ctrl+Tab, qui vous permet de passer d'une application à l'autre constituent un système de navigation sans souris complet.
  • Workspace

  • Certains programmes sont répliquants. Rien à voir avec Blade Runner: ils ont simplement un petit gadget supplémentaire qui permet de créer un clône de l'application et de l'attacher à une autre fenêtre ou écran. Repl
  • Vous pouvez accéder à une partition DOS (FAT) sans problème: c'est prévu par le système et désormais l'accès se fait en lecture/écriture (en 3.2 c'était en lecture seule). Deux petits clics suffiront pour monter votre disque ou votre disquette DOS. Normalement, il en est de même pour les partitions Linux mais je n'ai pas réussi, le système m'annonçant une erreur chaque fois que j'ai essayé.
  • Il y a un outil de requête de fichier intégré au Tracker qui vous permettra de rechercher des fichiers en fonction de leurs caractéristiques (nom, taille, date, etc.). Ces requêtes peuvent être sauvegardées et réutilisées.
  • Tout ce qu'il faut pour développer en C++ est intégré au système: éditeur, compilateur, docs techniques, exemples. Dans cette version, le compilateur CodeWarrior devrait avoir été optimisé pour Intel. Il ne reste donc plus qu'à plonger dans les docs systèmes fournies et avoir du temps pour développer. Un petit examen des exemples de sources C++ fournis montre que le langage est propre et plutôt agréable. Néanmoins, je reste attaché au C classique et regrette quand même ce choix.

Pour conclure, la version 4 de cet OS progresse nettement par rapport à ses prédécesseurs: la convivialité et la simplicité n'ont pas été sacrifiées et la puissance et la fiabilité ont nettement été améliorées (je n'ai pas réussi à planter le système une seule fois ce que j'étais arrivé à faire sans trop de problème avec la version 3.2). Incontestablement, BeOS est maintenant d'un niveau très élevé. De plus, vous n'êtes pas obligé de tourner sur plateforme Intel et vous pouvez choisir de l'installer sur PowerPC.

Au chapitre des faiblesses, il subsiste quelques bugs génants (problème avec les CD multisessions par exemple), la liste du matériel reconnu bien que de plus en plus étoffée (arrivée du SCSI) est malgré tout encore limitée, et surtout, la bibliothèque de logiciels disponibles est encore très incomplète (bien qu'elle se soit également étoffée). C'est sur ce dernier point que doivent être concentrés tous les efforts: l'OS est excellent et il faut maintenant le doter d'un maximum d'applications. Le portage de logiciels libres tels que Gimp (traitement d'image) ou certains daemons Unix constituerait un bon début.

En tout cas, nul besoin d'être un développeur ou un aventurier pour passer sur ce système: il a vraiment de quoi séduire et si vous êtes tombé sous le charme, il vous en coûtera 490F.

Voilà quelques adresse utiles si vous voulez en savoir plus:
http://www.be.com: le site central.
http://www.beeurope.com: le site européen.
http://www.be.com/beware/index.html: la liste des logiciels disponibles.
http://www.be.com/products/beosreadylist.html: la liste des matériels compatibles (plateforme Intel et PowerPC).
http://www.bedepot.com: une adresse centrale pour les produits commerciaux.

Remerciements

Un grand merci à Marie-Claude Levrat (assistante administrative et commerciale de Be Europe) et Jean Calmon (vice-président de Be Europe) pour nous avoir envoyé leur système et avoir permis ce test.

 

 

 

 

 

 

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